Il avait beau essayer, il n'y arrivait pas. Pas du tout. Du tout du tout. Pourtant, cela faisait bien une heure entière qu'il se trouvait là, étendu sur son lit, à fixer le plafond. Généralement, il n'avait pas de problème à s'endormir. Au contraire. Il tombait comme une masse dès que l'heure était un peu trop avancée, et ses camarades lui balançaient parfois leurs oreillers dessus tellement il ronflait fort.

Lyuten poussa un énième soupir de frustration, qui lui aurait valu un grognement de la part de Julian si son ami n'était pas déjà plongé dans les bras de Morphée depuis belle lurette. Sans grande conviction, il remonta les draps jusqu'à ses épaules et ferma les paupières. Il patienta ainsi quelques minutes, avant de s'impatienter et d'écarter ses orteils, les pliant et les dépliant, se tournant sur le côté droit, puis sur le gauche à la recherche de la meilleure position. Rouvrant les yeux, il se remit sur le dos, et passa ses bras sous sa nuque. Son front plissé témoignait de son anxiété. Oui, à vrai dire, il savait plus ou moins pourquoi il n'allait pas bien. L'arrivée imminente du weekend, et du rendez-vous avec cette fille que Julian l'avait forcé à accepter. Se retournant complètement, il enfoui sa tête dans l'oreiller en se traitant d'idiot. Pourquoi se faisait-il toujours avoir de la sorte?

Quoiqu'il se passe, dans sa vie, tout absolument tout semblait vouloir rajouter des obstacles sur son chemin. Tant et si bien qu'il avait parfois l'impression d'avoir des murs entiers à devoir escalader. …
Il se releva rapidement, le souffle court. Les oreillers ne laissent pas passer l'air. A quatre patte sur le matelas, il reprit son souffle en douceur, se demandant comment faisait ses camarade pour dormir avec tout le raffut qu'il devait faire... Se penchant en arrière, il se laissa tomber sur les fesses, s'asseyant en tailleur. Un air désespéré sur le visage, il ne pu s'empêcher de soupirer à nouveau.

Ce fut le gargouillement de son estomac qui le fit enfin réagir. Un grondement sourd et profond, venu de ses entrailles, qui brisa entièrement le menu silence du dortoir. Un pâle sourire se peignit sur son visage alors qu'il sortait de son lit, écartant sans bruit les lourdes tentures jaunes et noires de son baldaquin. Il plongea ses deux pieds dans les charentaises oranges qui l'attendaient là et se dirigea vers la sortie du dortoir. Passant à côté du porte-manteaux, il saisit l'écharpe mauve qui lui appartenait.

Quitte à ne pas dormir, autant aller faire un tour. Si marcher ouvre l'appétit, peut être que cela ouvre aussi les portes du sommeil... Quoiqu'il en soi, chez Luyten, l'estomac est roi. Et s'il a faim... Alors jusqu'aux cuisines ses pas le porteront. L'ironie avait voulu que ce soit le premier passage que Luyten découvrit à Poudlard. Avant même celui qui permettait d'éviter un détour d'une bonne dizaine de minutes entre la salle de métamorphose et de sortilèges. Comme quoi, c'était peut être révélateur...

La vue du feu ronflant dans la cheminée des blaireaux et les magnifiques fauteuils jaunes rembourrés à souhait lui réchauffa le cœur, lui donnant le courage d'aller braver le froid des couloirs gelés de Poudlard. Pourquoi n'avaient-ils pas misé sur le parquet au lieu de choisir ces frigorifiques dalles de pierre? M'enfin, il n'y avait pas long jusqu'aux cuisines, et l'idée de se tenir près de l'énorme cheminée des elfes, une tisane dans une main et un gâteau aux noix dans l'autre raffermit la détermination du poufsouffle.

Et hop, les quelques mètres de pierres froides avalés, la poire grattouillée, sa commandes passée. Et avec un grognement de plaisir, il poussa une chaise près des bûches et s'y laissa tomber de tout son poids. Il n'y avait pas à dire... Vive les elfes et leurs bons petits plats.

Pour peu le jeune homme aurait oté ses charentaises, rien que pour le bonheur de se trouver devant le feu, les doigts de pieds en éventail. La chaleur de l'âtre envahissait l'endroit, diffusant sa douce chaleur dans son corps, qui commençait à ressentir une certaine langueur. Oh oui, il était bien, ici. Si on avait disposé une autre cheminée dans son dos, il se serait retrouvé au septième ciel. Car il fallait bien l'avouer, la température n'était pas partout la même, et s'il ressentait très bien les assauts du feu en face de lui, derrière, c'était tout autre chose. C'était plus froid. Normal.

Mais bon, Luyten songea tout de même à envoyer une lettre à son père le lendemain pour lui soumettre son idée d'installer une deuxième cheminée, en face de la première, dans le petit salon. Le petit salon... Rien qu'à y songer, le sourire du poufsouffle s'élargit tandis qu'il s'imaginait vautré dans le fauteuil confortable et moelleux qui se trouvait chez lui, un bon roman policier dans les mains et une tasse de son thé préféré à portée de main... Diantre! Mais c'est qu'il ressemblerait presque à un petit vieux arthrosé le Luyten!

Alors que sous ses paupières à moitié closes ses yeux détaillait paresseusement les détails du marbre de la cheminée, une tasse apparut dans son champ de vision, juste devant ses yeux. Sursautant légèrement, le jeune homme se redressa, intrigué... Avant d'apercevoir le plateau sur lequel elle reposait, et le minuscule elfe de maison qui le tenait à bout de bras. L'idée qu'il ait pu réveillé les pauvres créatures au beau milieu de la nuit ne l'effleura même pas et, remerciant la créature sans un mot et à l'aide d'un rapide et petit sourire, Luyten se saisit de la tasse et de la part de gâteau qui l'accompagnait. Miam. Il sentit son estomac se tordre tandis qu'un gargouillement d'impatience retentissait de nouveau. Bien réveillé à présent, il porta la tasse à hauteur de ses narines, inspirant un bon coup pour emplir ses poumon de la douce odeur. Camomille.

Un léger coup de coude en provenance de sa droite fit vaciller le liquide jaune pâle et, étouffant une grossièreté, Luyten écarta rapidement la tasse de lui, en guise de sécurité. Il ne manquait plus que l'infusion brûlante n'atterrisse sur lui! L'œil alerte, il s'assura d'abord que le liquide qui tourbillonnait dans la tasse se calme et retrouve une surface plus ou moins plane avant de se tourner vers... Vers qui d'ailleurs? Tournant la tête vers la droite, il découvrit une fille. Bigre! C'est qu'il ne l'avait pas entendue arriver celle là! Heureusement pour lui, elle ne semblait pas suffisamment âgée pour faire partie du corps enseignant. Il retint difficilement un soupir de soulagement.

- Tu sais que si on se fait prendre, on aura une retenue avec plusieurs points d'enlevés à nos maisons...

A ces mots, Luyten haussa simplement les épaules. De toute manière, on était qu'au début de l'année... Et il avait largement le temps de rattraper les points qu'il ferait perdre. En plus... Les Poufsouffles n'avaient pas gagné la Coupe des Quatre Maison depuis si longtemps qu'une année de plus ou de moins ne ferait pas grande différence chez ses compatriotes. Le discours de sa camarade lui fit cependant lever les sourcils. Pourquoi parlait-elle de ça? Après tout, il était bien, assis au chaud, une tasse et une part de gâteau à manger, et elle, elle venait l'embêter avec ses stupides histoires de points. Non mais franchement, le Ministère n'allait pas regardé combien de fois Poufsouffle avait gagné la coupe lorsqu'il était à Poudlard avant de l'engager... Déjà ennuyé par son interlocutrice, il l'observa à la lueur du feu, sans bien réussir à deviner de qui il s'agissait.

Le jogging informe lui arracha un sourire. Sa mère se plaignait toujours de son manque de goût, mais visiblement, il n'était pas le seul à avoir ce genre de défaut. Des cheveux roux attirèrent son attention.

- Weasley ou Potter?

Une simple question, un brin moqueuse. Tout comme il aurait pu lui demander si elle se trouvait à Serdaigle pour se soucier autant des points...

une réponse de molly merci