C’était déjà le matin, et le jeune homme avait déjà plein de choses à faire… Pourtant, ses cours ne commençaient qu’à partir de dix heures ce matin là… Dire qu'il aurait pu faire la grasse mat’, bien au chaud sous sa tonne de couverture ! Rien que l’idée qu’il pourrait être en train de flemmarder dans le lit à baldaquin l’horripilait. Et au lieu de ça, il se trouvait à la table de la maison Poufsouffle, dans la grande salle, en train de prendre son petit déjeuner. Son petit déjeuner tout seul. Car aucun des cinquièmes année de poufsouffle n’étaient assez fous pour louper une grasse matinée… Ce n’était pas que prendre son jus d’orange, ses tartines et son café avec des élèves plus jeunes ou plus âgé que lui le gênait… Au contraire. Mais la plupart des personnes que Luyten appréciait à peu près se trouvaient dans son année… Plutôt logique vu que c’était avec eux que le jeune homme passait la moitié de ses journées, enfermé sur des chaises à écouter des profs.
Luyten poussa un soupir puis regarda rapidement autours de lui, au cas où une figure connue et amicale arriverait dans son champ de vision. Arg. Connue, oui. Amicale… Pas vraiment. Il y avait un petit groupe de sixième année dans la grande salle… Malheureusement pour notre damoiseau, il s’agissait d’élèves de serpentard. Et le coup des cheveux fushias n'avait pas encore été très bien digéré... Pas vraiment envie de s’attarder ici donc. Saisissant son gobelet, il le porta à ses lèvres et vida ce qu’il restait du liquide orangé avant de le reposer à sa place. Puis, se levant sans commentaire, il s’empara de son sac à bandoulière kaki qui ne le quittait presque jamais et commença à s’éloigner…
Son sac n’était pas très rempli. Il lui semblait qu’il devait avoir un cours de sortilège de dix heures à midi, mais rien n’était sûr avec sa mémoire défaillante concernant les emplois du temps… Aussi, dans le sac se trouvait sa plume, de l’encre, des feuilles et son manuel de Sortilège. Rien de plus, rien de moins. Il repasserait au dortoir ce midi chercher les affaires qui lui manquerait. En attendant, les choses qu’il devait faire, ce pour quoi il s’était levé si tôt, à son grand malheur, devaient être faites.
Et puis, s'il ne voulait plus se lever aussi tôt, il n’avait qu’à être plus soigneux envers ses affaires… Ou bien plus organisé. Ou encore plus maniaque, et moins tête en l’air. Tant de chose que Luyten ne serait jamais… Sans y prendre garde, d’un mouvement machinal, un pied après l’autre, le jeune homme à la chevelure brune parcourut le hall, gravit les marches de l'escalier et continua son ascension jusqu'à l'étage où se trouvait la fameuse bibliothèque... Pourquoi me direz vous ? Tout simple, tout simple. Un oubli. Un malheureux oubli qui avait eu lieu hier, pendant ses révisions hasardeuses. Juste avant la fin de la journée. Il faut admettre aussi pour la défense du jeune Moon que d'écrire 500 mots sur la façon de couper les pustules des Norytors pour permet une plus grande croissance de la plante était plutôt ennuyeux. Ces plantes, vertes à souhait et possédant de magnifiques tentacules lisses et visqueuses par endroits, ornaient à chaque début d’hiver leur tige principale de pustules grosses comme le poing qui leur servaient de réserves pour passer l’hiver. Mais dans la serre de botanique, elles ne servaient à rien, sauf à retarder leur croissance… Et c’était aux cinquième année que revenait l’éreintante tâche de les couper… Chose qui ne plaisait pas forcément à ces plantes…Heureusement que Luyten s'était trouvé pour binôme un mordu de botanique... Et que les pustules qui leur restaient encore à couper étaient peu nombreuses. Encore un cours et ils en auraient fini… Malheureusement, s'il ne mettait pas toujours la main à la patte lors des cours pratiques, il n’échappait pas au lot de devoir. Et à la fin de ce cours palpitant, le prof ne leur avait rien donné de mieux à faire qu'un parchemin concernant ce qu’ils venaient de faire pendant tout le cours... Ecrire le rendait infailliblement somnolente...
Pas étonnant donc que Luyten, se débattant pour échapper à la tentation du sommeil, ait finalement perdu et se soit affalé sur son bouquin... Et ait par la même occasion fait tombé par terre l'écharpe mauve qui était i chaude... Et, pressé de sortir de la bibliothèque après s'être fait remonté les bretelles par l'espèce de monstre qui leur servait de bibliothécaire pour "froissage de pages", le jeune homme n’y avait pas fait attention, oubliant tout simplement l'écharpe derrière lui. Stupides plantes hargneuses et stupide devoir !
La fin du couloir arrivait, et Luyten pressa le pas. Plus que quelques détours, quelques escaliers capricieux en ce début de matinée et il pourrait franchir les portes de la bibliothèque... Et récupérer son bien. C'était la première chose sur sa liste. Après, il y avait la lettre qu'il devait envoyé, le sort qu'il devait pratiquer pour le cours de 10h, n'ayant pas eu le temps hier soir, le...
Perdu dans ses pensées, il venait de raccrocher son sac à un bout d'armure. Maugréant, il se figea et, agacé, se pencha pour essayer de le détacher.
