Molly & Spius ▬ J'ai perdu mon coeur, m'aiderais-tu à le retrouver ?

La soirée tombait déjà à vue d’œil. La journée avait passé à une vitesse inattendue. La plus vieille de Percy et Audrey avait eu une journée bien organisée. Elle s'était réveillée tôt le matin après avoir passé la nuit à discuter avec sa meilleure amie des derniers potins de l'école. La jeune Sabrina Bell était la fille de Katie Bell, l'ancienne attrapeuse de Gryffondor. Les deux filles s'étaient rencontrés la première année et ne s'étaient plus jamais quittées depuis. Elles étaient tout simplement inséparables. Molly n'aimait pas particulièrement les filles, mais c'était différent pour Bell. Elles étaient tellement différentes, qu'elles se complétaient. Le dernier potin se résumait au beau et populaire [ t'enfle pas la tête ! ] Scorpius. Celui-ci était toujours avec Albus, le cousin de Weasley. Toujours à plaisanter, draguer les plus jolies filles et montrer à tous qu'il était le meilleur, Spius avait tombé dans la mire de la jeune fille. Certes, il faut être honnête et s'avouer que Molly aime à peu près toute la gente masculine. Toutefois, avec le descendant de ce stupide Malfoy c'était très différent. Tout comme les précédentes générations, Molly et Scorpius n'avaient pas échappé à la haine habituelle. Les deux se crêpaient toujours le chignon et la jeune fille se retenait pour ne pas lui sauter dessus. Tous les soirs, Weasley arrivait à Bell avec une nouvelle histoire sur celui-ci. Molly lui racontait à quel point elle le détestait et qu'elle donnerait tout pour qu'il disparaisse. Or, pour être honnête, Weasley gardait son attirance secrète. « Les contraires s'attirent, les contraires se repoussent. » Joyces Carol Oates. Pour la part de la jolie brunette, leur relation se résumait à ce proverbe. Leurs différences étaient enivrantes et à la fois écœurantes. Si elle prenait la peine de dire ce petit «secret» à quelqu'un, celui-ci se répandrait probablement à la vitesse de la lumière. De plus, comme si Scorpius pourrait trouver Molly de son goût. Elle faisait quand même partie des «rouquins», sans forcément en être une. Bon, elle avait des reflets roux et ça s'arrêtait là.. Tout pour dire que cette relation était à la fois compliquée et encourageante. Molly était le genre de fille à apprécier tout ce qui était difficile et elle finissait toujours par arriver à ses fins.

Pour revenir à nos moutons, la journée avait bien débutée avec un cours de potions. C'était la matière préférée de la brunette. À vrai dire, ce fut le seul cours dans toute sa vie où elle eut un quatre-vingt-quinze %. Tellement heureuse, elle avait rapidement envoyée un hibou à sa mère et son père pour leur apprendre cette bonne nouvelle. Par la suite, Molly avait participé aux soins des créatures magiques et à d'autres cours comme la métamorphose, qu'elle trouvait un peu ennuyant et où elle n'excellait pas autant. Comme à tous les jours, dans ses temps libres elle se promenait dans les couloirs et s'amusaient à regarder tous les jolis garçons. Parfois, pour son plaisir personnel, Molly leur attribuait des notes..

Lorsqu'elle réalisa enfin que l'heure semblait tardive, elle monta aux dortoirs des rouges. À chaque mardi, avant de se coucher, la jeune fille avait une routine bien à elle. Molly se brossait les dents pendant exactement cinq minutes, elle se lavait le corps pendant un quart d'heure, enfilait sa tenue de nuit, brossait ses longs cheveux et finalement elle repoussait les couvertures de son lit pour s'y installer. Fermant les lumières, elle insistait pour que toutes les autres filles se couchent rapidement. Comme toujours, après vingt-cinq minutes le temps était bon. Molly repoussait ses couvertes, enfilait ses chaussures et une veste et se dirigeait vers la « Salle sur demande ». Tout se faisait dans le plus grand silence. Si la fille se faisait prendre, adieux ses rêves de devenir préfet. Heureusement, jusqu'à ce jour personne ne l'avait remarqué. Tout le monde était trop occupé à s'endormir pour être en forme le lendemain matin. C'est pour cette raison que Molly y allait une journée de la semaine. Tout le monde sait que le vendredi personne n'écoute le règlement. Bref, cette salle était peu connue de tous. Son oncle George lui avait déjà raconté des histoires sur celle-ci. Il y avait déjà été avec son frère jumeau. C'est pour cela que Molly savait exactement où elle se trouvait, comment l'ouvrir et à quoi penser pour la retrouver.

Enfin arrivée au septième étage, la jeune fille se planta devant une entrée cachée en face de la tapisserie représentant la tentative de Barnabas le Follet d'apprendre la danse classique à des trolls. Il était conseillé aux utilisateurs de la salle d'être très précis sur ce qu'ils cherchent, car il a été montré que les autres gens peuvent entrer dans la salle et voir ce que les occupants font si ils savent comment la salle est utilisée. Molly pensa donc immédiatement à sa brosse de cheveux qu'elle y avait cachée la première fois qu'elle était venue. Elle marcha trois fois devant la porte en pensant précisément à l'objet convoité. La porte était maintenant là. Regardant de gauche à droite, Molly entra après une vérification. Jamais personne n'avait été dans la salle en même temps qu'elle et ne l'avait suivi. Toutefois, ce soir là, la différence y serait.

MOLLY ▬ Enfin seule un peu ..

La jeune Weasley fit le tour de la salle. Elle aimait y venir pour réfléchir et relaxer un peu. C'était fou tous les objets que l'on pouvait trouver ici. La jeune fille s'émerveillait à chaque fois et à chaque mardi c'était son bonbon. Ce soir, elle voulait faire un quelconque inventaire de tout ce que l'on pouvait trouver. En plus, la soirée lui permettrait de faire une «mise à jour» sur ses relations et d'oublier Scorpius qui hantait de plus en plus son esprit.

Désolée, il est tard et la qualité est boff et l'ortographe aussi. Je t'aime spius

Scorpius le savait, tricher, c'est mal. Il avait aussi conscience d'être un troll en devenir dans le domaine de l'histoire de la magie, et un délinquant dont l'acte ferait pâlir sa blonde famille ; ses parents s'en cogneraient la tête contre les murs, mais c'était pour le jeune homme l'unique moyen d'éviter, du même coup, efforts et notes catastrophiques. En soi, le fait de n'être pas bon ou, en l'occurrence, très mauvais dans une ou deux (ou trois) matières ne le gênait pas : il y avait bien pire au château, et à commencer par Potter, qui profiterait de cette faiblesse du serpentard pour s'en moquer, mais qui avait lui aussi son quota de PDT - non, pas pommes de terre, piètre, désolant et troll. Ce qui motivait le jeune homme à travailler, ou dans le cas présent à "emprunter" les devoirs des autres, n'avait donc rien à voir avec une quelconque histoire de réputation ou d'accomplissement personnel. La cause de ce perfectionnisme inhabituel et voué à l'extinction s'appelait en réalité Ellena, et Scorpius, après avoir réussi à obtenir au bout de la dixième fois un rendez-vous, s'apprêtait à lui faire faux bond. Ce mignon petit rat de bibliothèque aux airs de poupée russe l'avait intrigué, une semaine auparavant, mais la trop longue attente avait fini par le décourager. Probablement l'une de ces futures vieilles filles qu'il fallait épouser avant d'embrasser et qui verrait son teint blanchir à la cire des salles de lecture, où elles s'enferment toutes la vingtaine passée.

S'éloignant du poufsouffle duquel il venait de réquisitionner le parchemin, Scorpius feignait de ne pas entendre ses protestations et accélérait le pas, essayant de lire à travers les multiples tâches de jus de citrouille. Plus il avançait dans sa lecture, plus l'exercice devenait compliqué et au bout d'un moment, il lui fallut ralentir la marche à un mètre toutes les trois minutes pour pouvoir déchiffrer correctement.

"Même Londubat n'écrit pas comme ça... C'est pathétique."

Londubat... Ce simple nom menaçait de le faire éclater de rire. En pensant à elle, ses maladresses et les malheurs qui lui étaient arrivés durant ces deux dernières années venaient décrocher un sourire au blondinet. Elle ne l'aimait pas, il ne l'aimait pas, chacun se méprisait et pourtant, l'auto-proclamé roi des cachots ne pouvait s'empêcher de ressentir une frustration certaine en la voyant ; avoir une si jolie tête sans rien dedans, quel gâchis, quelle honte ! Exactement comme la soeur d'Albus, Roxane, Molly... Il avait des relations conflictuelles avec chacune d'entre elles et sans que ça soit réellement sa faute, il s'y embourbait ; il devait parfois avouer que ces guerres civiles intra-Poudlard le fatiguaient, à force de lui faire passer des nuits blanches à élaborer des plans, des stratégies, ou à se poser des questions à lui-même sur des domaines qui le dépassaient autant qu'ils l'effrayaient.

Les sentiments étaient pour Scorpius Malefoy totalement surfaits. Il les croyait mathématiques, soumis aux mêmes lois que les numéros et les pommes de pin, aussi faciles à faire disparaître qu'à créer et ayant pour seule source la volonté de l'esprit, et non celle du coeur; Pourtant, avait-il souhaité cette haine creuse, ce besoin de conflit, de contact, cette crainte d'être ignoré et de ne plus savoir ignorer ? Tout cela n'était qu'une vague de l'océan d'incompréhension sur lequel il lui était arrivé de naviguer, toujours à bord de la même galère, Molly. D'elle, il ne savait pas grand-chose, mis à part qu'il devait leur rencontre à Albus, et que depuis ce jour, ils s'étaient toujours disputés. Pour des raisons défendables, des histoires de principes, de morale, ou pour meubler les longs silences dans le Poudlard Express, qui après leur passage prenait des allures de champ de bataille. Ils se ressemblaient tout en ayant assez de différences pour se qualifier de diamétralement opposés, et se connaissaient suffisamment pour savoir ce qui blesserait l'autre, sans soupçonner du malheur ses causes les plus évidentes. Le serpentard s'était, au début, comporté avec elle comme avec toutes ses cousines, voire même un peu moins bien, en raison des trois années qu'elle avait de plus que lui. Il avait cru normales ses réactions, ne s'était pas aperçu - et ne s'apercevait toujours pas - que lorsqu'il se mettait en tête de l'oublier, c'était pour voir si elle, elle l'oublierait. La nature de ces émotions lui était étrangère, trop loin de ce qu'il s'était imaginé, trop étranges pour lui, trop dangereuses, aussi.

Il arpentait toujours les abords du septième étage quand l'urgence de cacher son précieux devoir lui apparut. Le cours pour lequel il en avait besoin n'était que dans six jours et d'ici là, tout pouvait arriver ; le dortoir n'était pas assez sûr au goût de Scorpius, les tiroirs sans-fond de la salle commune ne lui inspiraient aucune confiance et, à la fréquence à laquelle il changeait de vêtements, le garder sur lui n'aurait pas non plus été prudent. Ca n'avait pas l'air, comme ça, mais soixante-quinze lignes d'histoire de la magie, ça attirait toutes les convoitises.

Pour entrer dans la salle, il s'était focalisé sur la valise en peau de dragon qu'il avait mise là, à la rentrée, abandonnée au milieu d'un bric-à-brac incroyable et dans laquelle il rangeait ce qu'il cherchait à cacher. À chacune de ses visites, le tas d'objets aux propriétaires anonymes grossissait, atteignant presque le plafond de la salle et lui rendant la tâche plus difficile pour retrouver sa valise, qui lui tenait lieu de repère. En retrouvant ce capharnaüm désormais familier, le sorcier avait eu une expression étrange, à mi-chemin entre le sourire que l'on fait en se couchant et l'air désespéré des supporters de l'équipe de Poufsouffle qui se faisait toujours ratatiner. Mais en tombant nez-à-nez avec Molly, qu'il n'avait pas revu depuis le déjeuner de la veille (pendant lequel il n'avait pas manqué de lui rappeler à quel point il ne l'aimait pas), son visage s'était littéralement transformé : son teint passa subitement du pâle au pastel et ses yeux, d'ordinaire si avares, si inexpressifs, laissèrent poindre une once de gêne, qu'il ne tenta pas de dissimuler. Non pas parce qu'il se sentait en confiance, mais plutôt parce qu'il ne s'en sentait pas capable: il avait l'impression, pour la première fois depuis sa naissance, d'être vulnérable. Ce n'était pas Molly qui l'effrayait, mais lui-même. Ces questionnements sans fin, ces casse-tête avec lesquels il se torturait une fois l'orage passé, tout cela le laissait perdu, un peu plus jour après jour, conflit après conflit.

"Enfin seule un peu.."

Elle était à quelques mètres de lui, occupée à détailler du regard tout ce qui s'y offrait et n'ayant dès lors plus d'oreilles, ce qui, avait-il pensé, lui aurait permis de prendre la fuite sans être vu. Mais quelque chose le retenait dans cette salle, et il avait l'intime conviction qu'il ne s'agissait pas de sa vieille valise. C'était une envie, presque un besoin, une urgence qui n'en est une que pour celui qui la ressent; il le fallait, c'était tout et, à la fois, ça n'était rien. Ca ne signifiait rien, pour lui, il s'en persuadait à un tel point qu'un instant, il s'admira même de manifester autant de détermination pour ranger un simple devoir. Un silence, le même que ceux du Poudlard Express, pesant et source de problème, s'immisça. Il ne lui resta bientôt plus qu'une solution.

"Si tu pouvais te décaler d'un mètre ou deux, je t'en serais éternellement reconnaissant, Weasley. J'ai quelque chose à prendre dans cette armoire."

Une distance plus courte les séparait désormais. Il avait repéré sa valise et, une fois le choc de la rencontre passé, ses idées s'étaient remises en place. Mettre le parchemin dans la valise, la ranger, s'en aller. Aussi simple que ça. Ne pas se retourner, ne pas s'attarder, ne pas provoquer d'altercation. C'est-à-dire mission impossible, ~~même pour le génie internationalement reconnu qu'était Scorpius.~~

Meuh non. J'ai fait n'importe quoi aussi, dans le pire des cas, on est quitte (a) Te n'aime aussi, Mollynette.

Les livres, c'était la passion de Molly depuis le tout jeune âge. Dès qu'on lui avait appris à lire, la bibliothèque de la maison fut remplie en moins de deux. Weasley pouvait lire un livre en moins de deux heures et se rappeler tous les petits détails pour des dizaines d'années. Tous les sujets la passionnait. Au fil du temps, il est vrai que certaines personnes eurent parfois tendance à dire que Molly Weasley n'était pas du tout intelligente, mais c'était bien parce qu'il ne la connaissait pas du tout. On ne peut pas cacher que la jolie brune en met parfois un peu trop lorsqu'elle voit un garçon ou encore qu'elle ne réfléchit pas toujours avant de parler. Toutefois, sa culture et ses connaissances sont très aiguisées. Son premier gros bouquin fut sur les moldus. Ceux-ci venaient d'un monde où la magie n'existait pas. Néanmoins, certains d'entre eux gagnaient une place à Poudlard et pouvait par conséquent devenir sorcier. Ils étaient très gentils et Molly appreciait leur compagnie en plus des discussions qu'elle pouvait avoir concernant leur monde. Certes, il y avait une minorité de sang-pur n'étant pas capable de les supporter. Beaucoup se retrouvaient chez les verts, mais bon ce n'est qu'un «préjugé». Le livre avait été offert à Molly par son grand-père Arthur. Celui-ci étudiait justement les moldus pour le ministère de la magie. Après que Molly ait lu le livre, les moldus devinrent sa «passion» et un mystère englobant tant de choses à y découvrir. C'est un peu pour cela qu'elle entretient une très belle relation avec son grand-père. Bref, elle ne savait ni le pourquoi ni le comment, mais le livre était entre ses mains à l'instant. La jolie brunette laissait glisser ses doigts sur la vieille page couverture. Ce n'était peut-être pas son livre, mais il y contenait la même histoire. Tant de souvenirs lui remontaient à l'esprit. Feuilletant les pages une à une, Molly comprit qu'elle était chanceuse d'être à Poudlard et de pouvoir profiter de tout ce dont elle avait appris au cours de ses dix-neuf années de vie.

Continuant sa route, elle entendit un bruit de pas. Ce devait être le fruit de son imagination, car depuis toutes ses années elle n'avait encore jamais eu de compagnie dans cette immense salle. Il est vrai qu'elle aurait aimé partager son petit «secret» avec Rox ou encore sa meilleure amie Sabrina. Soupirant pour la première fois depuis son arrivé, la fille de Percy Weasley demeurait très discrète sur ce point et cela commençait à l'énerver. Il est vrai que Molly était très difficile à cerner et préférait garder ses confidences pour elle. Derrière son joli petit minois se cachait sa vraie nature. Elle n'était pas réellement une mangeuse d'homme, au contraire. La jolie brunette retenait de sa mère sur ce point. Il n'y avait pas que leur visage qui était identique. La mère et la fille avaient toujours mis des barrières sur leur cœur. À vrai dire, Molly était quelqu'un de très gentille, d'attachante, à l'écoute des autres, empathique, têtue, perspicace, honnête et laissait parfois les gens voir son petit côté d'humoriste. C'était quand même la nièce de Georges Weasley, ne l'oubliez pas.

Soupirant de nouveau, la jeune demoiselle pensait aux sélections de Quidditch. Celles-ci approchaient à toute vitesse. Molly croisait les doigts pour pouvoir garder son poste de gardienne. Depuis sa deuxième année, elle prenait un plaisir fou à être à cet endroit. Même dans les pires tristesses, le simple bruit des encouragements suffisaient pour lui faire apparaître un joli petit sourire. Elle aurait bien aimé être attrapeuse ou encore poursuiveuse, mais le balais n'était pas tellement son truc. Déjà qu'être gardienne lui en demandait beaucoup pour rester en équilibre.. De toute façon, pourquoi s'inquiéter tout de suite ?

C'est alors qu'une petite voix malveillante provoqua d'un coup Molly hors de ses pensées et loin du monde utopique où elle se trouvait. Ce petit son écoeurant venait de la bouche de quelqu'un qu'elle aurait préféré éviter ce soir. Il n'y avait pas trente-six choix, la personne était bien la seule et unique que Molly n'était pas capable de sentir jusqu'à des kilomètres près. Évidemment, c'était Scorpius, le stupide vert ayant la tête enflé et des yeux à faire craquer toutes les filles. Habituellement, elle le croisait maximum une fois par journée. Aujourd'hui, c'était au déjeuner. Weasley était allée s'asseoir avec Albus dans la Grande Salle lorsque cette même personne fit son entrée. Tout le déjeuner, les deux firent leurs crises habituelles et leurs insultes perpétuelles. Molly se rappelait encore Albus qui ne savait plus où se mettre entre sa cousine et son meilleur ami. Depuis le tout jeune âge, Molly avait toujours aimé Albus pour cette raison. Il ne se mêlait jamais des affaires des autres et gardait tout pour lui la plus part du temps. Mais bon, revenons à nos moutons. Avant même que Molly ait pu en placer une, Malefoy prit la parole.

SCORPIUS ▬ Si tu pouvais te décaler d'un mètre ou deux, je t'en serais éternellement reconnaissant, Weasley. J'ai quelque chose à prendre dans cette armoire.

Il pouvait tellement être exaspérant à la fin. Molly était le genre à ne pas répondre tout de suite et penser à sa réplique deux fois plutôt qu'une. De plus, le Serpentard avait éveillé la curiosité de la jeune fille. Que pouvait-il bien vouloir prendre dans cette armoire. Il n'était pas stupide quand même. C'était écrit dans le ciel que dès qu'il partirait, Weasley serait contente et sauterait sur l'objet en question pour vérifier les motifs de Malefoy. Quand même, venir dans la Salle sur demande à cet heure cachait bel et bien quelque chose.

MOLLY ▬ Premièrement Scorpius, j'étais ici avant toi. Je crois donc que c'est à toi de te décaler d'un mètre ou deux, sinon plus et de retourner d'où tu viens. Deuxièmement, mon prénom est Molly et non, Weasley. Puis troisièmement, si tu veux tant cette «chose» avant de partir, tu vas devoir me passer sur le corps où bien tout me raconter parce que je suis curieuse. Par exemple, moi c'est définitif que je ne bougerai pas pour toi !

Est-ce que la jeune fille venait de lui en boucher un coin ? Certainement pas, parce que tout le monde sait que Malefoy avait toujours quelque chose à dire. Molly roula donc ses yeux et croisa ses bras sur sa poitrine. Ses yeux regardèrent ensuite ce qu'elle portait. Habituellement, Weasley croisait toujours le blondinet avec son uniforme. Ce soir, c'était différent. Fidèle à son habitude lorsqu'elle venait à la Salle sur demande, Molly portait un petit ( peut-être même un peut trop court ) short or avec l’emblème de sa maison. Le haut était seulement une vieille camisole rouge qu'elle portait sans soutien-gorge. Ses longs cheveux ondulés retombaient jusque dans le bas de son dos. En autres mots, ses courbes étaient très valorisées. Molly n'était pas descente, mais bon c'était à Scorpius de ne pas se montrer le bout du nez.

Pendant qu'elle attendait le choix du garçon, Molly se mit à le regarder. C'était tout simplement bizarre. Son cœur battait la chamade lorsqu'elle se trouvait près de lui et comme à l'habitude, Molly finissait par perdre tous ses moyens. Rares étaient les conversations où la jeune fille avait eu le dernier mot avec le Serpentard se trouvant devant elle. Weasley finissait toujours par partir frustrée en fulminant des insultes ou encore avec son air indifférent. Chaque fois où elle le croisait, tout devenait de plus en plus brouillé et même insoutenable. Molly avait toujours réponse à tout, mais lorsqu'elle essayait de définir ses sentiments avec le garçon, c'était tout simplement le vide. Elle aurait bien aimé dire qu'elle le détestait, mais ce «mot» ne voulait jamais sortir et restait encré au fond d'elle. Ce soir, l'aînée de Percy et d'Audrey aurait aimé partir comme à son habitude. Tourné le dos et laissé faire Scorpius ce qu'il avait à faire. Ils étaient seuls et ce n'était jamais arrivé depuis tout le temps qu'elle connaissait ce blondinet. Néanmoins, pour la première fois quelque chose ou peut-être quelqu'un la retenait dans cette pièce. Quelques frissons lui parcourut le corps et elle réprima un petit sourire narquois au garçon qui se trouvait désormais à quelques pas d'elle. Bref, c'est dans ces moments là où elle se disait ; « Une chance que cet attardé n'est pas legilimens »

Très tôt, on avait découvert chez le garçon des prédispositions innées au bonheur. Il n'y avait rien qui puisse assez le fâcher, l'ennuyer ou l'attrister pour lui ôter durablement son sourire, et autour de lui tout semblait sujet à plaisanter. Il faisait partie des optimistes, de ces gens qui voient le verre d'eau à moitié plein et aiment les soirs d'orage, qui précèdent pour eux un soleil étincelant. Sa vision du monde, dont il ne connaissait que le Royaume-Uni et quelques pays alentours, avait été embellie au gloss à paillettes depuis sa naissance, et ce à force de livres de contes heureux et d'épopées à travers les sept mers qui se finissaient bien. La morgue de son père, l'hyper-anxiété de sa mère ou même le deuil de la mort tragique de Lucius que portait Narcissa ne parvenaient à détruire l'univers rose bonbon dans lequel il flottait. Autant dire que l'environnement dans lequel il avait grandi n'était pas vraiment idéal, et qu'il lui avait fallu une bonne dose de volonté pour en faire abstraction. Volonté qu'il n'avait d'ailleurs jamais perdue, et qu'il ré-investissait dans tous ses projets, pour peu qu'il en ait envie ; malheureusement, il n'y avait sur Terre presque rien qu'il ne veuille pas. Il lui suffisait d'un rien pour faire d'un objet banal une obsession, et tout mettre en oeuvre pour l'avoir et de, finalement, le jeter à la poubelle une fois qu'il l'aurait entre les mains. En réalité, comme son père et plus largement, la plupart des Malefoy avant lui, Scorpius était capricieux et ça n'allait pas en s'arrangeant. Il était capable de mobiliser chacune des plus infimes parcelles de son cerveau pour un même but et bien qu'il lui en faille rarement autant, se vantait de n'avoir jamais renoncé à rien. Aussi, quand il s'était mis en tête d'obtenir sa revanche sur un cinquième année de Gryffondor qui l'avait bousculé, il avait abandonné toute autre activité pendant une semaine et s'était focalisé sur cette "mission".

Et ces temps-ci, la chose qui l'obnubilait, c'était les présélections de quidditch. Le poste de batteur. Son poste de batteur. Il ne permettrait à personne d'autre de le lui prendre, et déstabiliserait un maximum ses potentiels concurrents. Rien de déloyal, aucun sortilège, seulement des mots. Tout, sauf la baguette. Et les poings. Il fallait oublier tout ce qui pourrait lui valoir le soupçon d'une tricherie, ou pire, une disqualification immédiate. S'entraîner. Beaucoup s'entraîner. Ne laisser passer aucune chance d'être pris. Parce que s'il échouait, très clairement, Scorpius ne s'en relèverait pas. Toute l'assurance qu'il avait, cette confiance en lui dont il débordait, il la justifiait par ses capacités, ses succès, tout ce qui était vérifiable et incontestable. Echouer, c'était remettre en cause les piliers de ce en quoi il croyait le plus férocement, c'est-à-dire lui, et ça signifiait lui faire perdre ce qu'il avait de plus cher : sa fierté. Dépouillé de son égo, plus personne n'aurait revu l'ombre d'une mèche blonde avant au moins trois semaines et, si les trois quarts des élèves de Poudlard s'en seraient merveilleusement accommodés, le-dit propriétaire de la pâle chevelure s'en serait remis comme d'une dragoncelle : péniblement, douloureusement et avec de lourdes séquelles.

Songeant à ce jour qui n'arriverait jamais, le sorcier observa silencieusement la jeune fille. Si on le lui avait demandé, il aurait parié une centaine de gallions qu'elle était à peine sortie de son lit et que, à cause de problèmes somnambuliques, elle s'était trouvée là par hasard. Même le plus débraillé des elfes de maison ne se serait pas présenté à lui dans cet accoutrement, alors elle, une maniaque qui devait passer une heure devant son miroir chaque matin ? Impossible, incroyable, extraordinaire. L'évènement aurait été réjouissant à relayer, voire même amusant à exagérer, mais il lui serait difficile de parler à quiconque de ce qu'il avait vu : il devrait évoquer la salle sur demande, ce pourquoi il s'y était trouvé... « Trop d'énergie dépensée pour pas grand chose », pensait-il. Molly Weasley qui se promène en pyjama, en fait, c'était loin d'être le genre d'information qui l'intéressait. D'abord parce qu'il y avait Weasley dedans, et que peu importe la conversation dans lequel leur nom apparaissait, ça ne pouvait être qu'horriblement ennuyeux, et ensuite parce qu'en y réfléchissant un peu, se moquer de quelqu'un en pyjama, c'était puéril.

En pensant à ce qui était puéril ou non, Scorpius ne put retenir le soupir agacé qui lui échappa. En deux ans, elle n'avait toujours pas réussi à le contraindre à passer de "Weasley" à "Molly". Pourquoi fallait-il qu'elle mette ça sur le tapis à un moment pareil ? Elle ne lui facilitait pas la tâche. Il ne demandait rien qui puisse être apparenté à une faveur, ou à quelque chose d'illégitime. Elle était stupide, définitivement stupide, ça ne pouvait être autre chose. L'un comme l'autre, ils avaient pris comme habitude de limiter au possible et dans la durée les moments où ils se retrouvaient face à face, en quittant tout simplement les lieux après un salut glacial. Mais cette fois-ci, il avait fallu qu'elle fasse autrement. Qu'elle le retienne. Parce qu'évidemment, une foule de raisons l'empêchait, dès lors, de s'en aller : il fallait qu'il se débarrasse de la copie, ce qui nécessitait qu'elle s'en aille, ce qui voulait dire qu'il devrait la convaincre, ce pourquoi il fallait chercher des arguments... C'était un problème sans fond. Mais l'atmosphère, depuis qu'elle avait parlé, s'était encore alourdie. Cette accumulation, ajoutée à l'animosité dont les conflits le dotaient, laissait présager que cette malencontreuse rencontre se conclurait par un meurtre. Celui de Molly, plus précisément. Lui, une voyante l'avait clairement vu mourir à soixante-sept ans dans un éboulement lors d'un voyage au Pérou, alors hein.

"Blablabla... T'as fini ? Si tu penses que c'est pour le plaisir de te faire partager mon espace vital, sincèrement, non. J'aurais adoré poursuivre cette conversation, mais là, il va vraiment falloir que j'y aille. "

Marchant dans sa direction, Scorpius, en deux enjambées, se retrouva face à elle. En dépit de leur différence d'âge, il la dépassait d'une tête de haut et, au risque de se prendre une gifle, il aurait bien assez de force pour l'obliger à lui céder le passage. Avant d'en arriver à un tel extrême, il attendait calmement qu'elle comprenne le message. Il était déterminé, et aucune espèce de tête de mule, même avec d'aussi jolis yeux, ne le découragerait. Il ne put qu'ignorer le marché qu'elle lui proposait, à savoir lui dire ce qu'il comptait chercher dans cette armoire : ça n'était pas un secret d'état, mais par principe, il ne prendrait aucun arrangement avec elle. Et lorsqu'elle mentionna le fait de lui passer sur le corps, un sourire insolent découvrit ses dents parfaites. « Avec ce qu'on raconte, je dois être l'un des seuls à ne pas y être passé ».

"Weasley, je t'ai dit de... Molly, aurais-tu l'obligeance de reculer ? [...] Non ? Tant pis, tu l'auras cherché."

S'étant largement entrainé depuis son arrivée au château, Scorpius la prit par la taille, la souleva d'une dizaine centimètres et la déposa plus loin, en s'en voulant presque de la traiter comme un meuble. Il avait veillé à ne pas être trop brusque, mais suffisamment expéditif pour qu'elle perçoive son agacement. Parce que oui, ça l'agaçait. Pas le fait de perdre dix minutes à trouver un moyen d'accéder à une vieille valise à laquelle il ne songeait même plus, non. Mais d'avoir du entrer en contact avec elle, de n'avoir pas pu faire autrement, ça, oui. En la portant, une étrange sensation lui avait couru sous les doigts, comme une palpitation lente, engourdie. Quand il ouvrit la bouche, son regard était encore rivé sur le sien et, à vue de nez, il souriait.

"Pas de coups. Ou alors... Je te prierai d'éviter le visage. Ca laisse des traces."

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